En effet, l’article 28 de la Constitution mauritanienne stipule : « Le Président de la République es La question d'un troisième mandat em Mauritanie est, d'emblée, nulle et non avenue
Monday, 08 Dec 2025 00:00 am

L'Authentique


En effet, l’article 28 de la Constitution mauritanienne stipule : « Le Président de la République est rééligible une seule fois. ». De plus, l’article 29, relatif au serment présidentiel, oblige le président à ne prendre ni soutenir « directement ou indirectement, aucune initiative pouvant entraîner la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat du Président de la République et aux conditions de son renouvellement prévues aux articles 26 et 28 de la présente Constitution ».

 

Or, les logiques de la politique politicienne de certaines familles politiques désuètes, dépassées, refont surface. Elles ont, depuis longtemps, fait couler beaucoup d’encre. Alimenté toutes les polémiques. À cet égard, la récente sortie de la députée (sans doute issue de la majorité présidentielle, toujours et encore !) souhaitant un troisième mandat, voire un quatrième pour celui qui nous sert de chef d’État, Mohamed Ould Ghazouani. Cette attitude est particulièrement révélatrice. Elle est parlante.

 

Ainsi, tout individu doté d’un minimum de lucidité et d’un sens républicain peut conclure que beaucoup de ces élus méconnaissent totalement les institutions : ils en ignorent les fondements, le rôle, l’esprit… Ce sont, pour reprendre le mot du journaliste feu Norbert Zongo, des personnes « parachutées »

Pour rappel, les prochaines élections auront lieu en 2029. Dès lors, évoquer un troisième mandat est non seulement inconstitutionnel, mais presque absurde. Dans ces conditions, comment un professionnel des médias peut-il se permettre de poser ce genre de questions ?

 

Par ailleurs, le pays repose sur des équilibres. Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’avoir un candidat des militaires et de la majorité présidentielle : encore faut-il avoir un candidat capable de gérer ces équilibres et d’assurer la survie d’un système politique aux allures démocratiques, encore en voie d’édification. Quant à savoir comment ce candidat doit s’exprimer ou se positionner, c’est un autre sujet.

 

En outre, les militaires disposent de leur « droit de veto », semble-t-il. Désormais, les décisions au sein de l’armée ne sont plus unilatérales : il s’agit de décisions collégiales, n’émanant plus d’une seule personne. De ce fait, la question du troisième mandat ne s’est même pas posée, à l’époque de Mohamed Ould Abdel Aziz, au sein de ladite institution militaire. Bien au contraire, pendant l’un de ses voyages, un communiqué a clairement pris position contre cette idée. Même si A. Aziz avait un bilan mis en avant par ses collaborateurs et était apprécié par certains, cela l’aurait coûté la colère de ceux qui pouvaient le jeter dans la géhenne. Certes, on ne peut pas exclure que la possibilité d’un nouveau mandat lui ait traversé l’esprit, mais il est mentalement aberrant d’imaginer qu’il allait réellement franchir ce pas. Aujourd’hui, la situation est tout à fait différente : les choses sont claires.

 

En définitive, il s’agit de faire deux mandats et de partir tranquillement, en laissant derrière soi un pays stable. Or, le prochain président, s’il émane de la majorité présidentielle, héritera d’une base et d’une force polarisée qui, peut-être, ne servira pas forcément les intérêts du pays. D’ailleurs, il n’y a pas très longtemps, le directeur du cabinet de la président (Dircab) a publié sur Facebook, en arabe et en français, précisant que la question du successeur de l’actuel chef ne se pose pas.

 

À ce jour, il n’existe donc aucun candidat officiel de la majorité présidentielle. En revanche, plusieurs hypothèses circulent. Certains souhaiteraient représenter ce système. D’autres aspirent à devenir les nouveaux gardiens de ces structures politiques, qui n’ont pas forcément besoin des meilleurs, mais plutôt de ceux capables d’assurer leur survie.

 

Pour ne pas conclure, la Mauritanie a besoin d’un véritable aggiornamento politique. C’est-à-dire une mise à jour qui passe par un renouvellement générationnel, la réforme des partis et la modernisation de l’État essentiels à sa survie. L’équilibrisme ou les équilibres gérés ne suffisent pas à garantir la démocratie. Il est impératif de dépasser les logiques politiques traditionnelles, de transcender les calculs partisans et les stratégies de survie personnelle. Le pays a besoin d’un leadership réfléchi, capable de consolider les institutions et de préparer la relève, plutôt que de s’enfermer dans des tentatives artificielles de prolongation du pouvoir.

 

Souleymane Sidibé