Dialogue politique : les consultations sont lancées malgré quelques appréhensions
sur le dialogue politique en vue
- Publié par Aidara cheikh --
- Tuesday, 15 Apr, 2025

Lors de sa première sortie devant la presse, le 7 avril 2025, le Coordinateur du dialogue national inclusif, Moussa Fall, a annoncé avoir lancé la phase préparatoire du processus. Si la quasi-totalité des acteurs sont conscients de la nécessité d’un tel dialogue, quelques appréhensions subsistent quant aux résultats attendus.
L’échec du dialogue politique de 2023 a fait dire à Nana Mint Cheikha, figure emblématique du parti Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et aujourd’hui membre de la branche dissidente que « les annonces qui finissent en queue de poisson ont le défaut de diminuer la lumière de celles qui les suivent ». Et d’ajouter dans une interview accordée au journal LE CALAME, « ne dit-on pas que les engagements non tenus rongent la confiance comme le sel ronge la pierre… ? ». Le mot est lâché, la confiance. C’est la première appréhension qu’ont les acteurs politiques mauritaniens, après tant d’échecs de dialogue sous l’actuel régime de Mohamed Cheikh Ghazouani. Et la triste fin du « Pacte Républicain » de 2024, un dialogue tripartite conclu entre le parti INSAF au pouvoir, le RFD et l’UFP, n’en est qu’une des lamentables illustrations.
Aujourd’hui, un nouveau format initié pour le dialogue en vue semble trancher avec les méthodes jusque-là adoptées par l’ancien patron du dialogue politique, le Ministre de l’Intérieur. Ce dernier avait en effet la manie d’imposer sa feuille de route, sur lesquels les autres devaient se greffer.
Moussa Fall semble avoir, de la part du président Ghazouani, carte blanche pour conduire le dialogue selon les règles du consensus.
Des consultations adressées aux acteurs
Moussa Fall n’impose rien au préalable. Les acteurs politiques, une vingtaine de partis reconnus et les cinq candidats à la dernière présidentielle, et des promesses d’élargir plus, sont consultés pour aboutir à un consensus sur l’organisation, les thématiques, les participants et les mécanismes de suivi des conclusions.
Un processus qui semble rétablir la confiance et enlever toute impression de chose imposée. Cela, d’autant plus qu’il considère que le président Ghazouani a initié le dialogue pour résoudre les grandes questions de l’heure sans pression ni contexte de crise.
Cette phase préparatoire ainsi lancée est accompagnée d’un canevas déjà adressé aux acteurs qui devront chacun se prononcer sur ses attentes, sur les thèmes qu’il considère comme prioritaires, sur le profil des participants, sur le meilleur mécanisme à adopter et sur les outils de suivi des conclusions du dialogue.
Certains, selon Moussa Fall, ont déjà transmis leurs réponses et les autres sont attendus incessamment, afin qu’une fois toutes les propositions recueillies, une synthèse provisoire puisse être discutée afin d’arriver à une feuille de route consensuelle.
Un accord quasi consensuel des acteurs
Des réunions ont été animées entre la quasi-totalité des partis et mouvements d’oppositions pour réfléchir sur une position conjointe par rapport à certains points prioritaires relevant de l’intérêt national.
L’opposition trouve en effet que le contexte régional est assez grave (violences terroristes, trafics de tout genre, changement de la géostratégie internationale) pour que les Mauritaniens puissent taire leurs dissensions et se retrouver autour d’objectifs communs à même d’assurer la paix sociale et la stabilité politique. Les défis intérieurs ne sont pas en reste et pourraient être sources de tensions, les inégalités sociales, la mauvaise gouvernance, la délinquance urbaine, etc.
D’où la nécessité, selon l’opposition de restaurer le climat démocratique déjà fortement contesté car entaché de graves irrégularités, sans compter la fragilité de la cohésion sociale chaque jour menacée par la faiblesse du tissu social, les conditions de vie fragile des citoyens dans un pays aux potentiels de richesse considérable.
Ainsi, le dialogue attendu devra trouver les moyens de sécuriser le vivre ensemble et asseoir les fondements de nature à favoriser l’édification d’une nation forte vivant en harmonie et intégrant sa diversité sur des bases consensuelles.
Le parti au pouvoir, INSAF lors de sa dernière réunion, vendredi dernier a salué pour sa part la décision du président Ghazouani de lancer un dialogue inclusif, considérant cette initiative d’étape importante vers le renforcement de la décrispation et de l’ouverture politique, ainsi que l’affirmation de l’unité nationale.
Cheikh Aïdara