Ere Ghazouani, une police des périodes d’exception

arrestations d'activistes et bastonnades de journalistes en Mauritanie

repression police

La police et les autres forces de l’ordre mauritaniennes continuent à se comporter comme si la Mauritanie vit encore dans les périodes d’exception, celui des pouvoirs militaires. Le fait peut aisément s’expliquer du fait que depuis 1978 le pays est sous la botte des colonels et autres généraux reconvertis en civil mais toujours avec la mentalité de chefs de caserne.

Comme le pouvoir politique continue à être dévolu hors de la volonté populaire, aux détours d’une démocratie imposée de l’extérieur mais jamais assumée par le système politique, les tenants du pouvoir ne se sentent pas ainsi redevables de la population.

D’où l’existence d’une Mauritanie ratifiant à tours de bras toutes les conventions internationales, parfois des plus osées comme la loi sur la torture dont nous sommes pratiquement les rares à l’avoir ratifié ou encore la convention sur le travail forcé et son protocole de 2014 que seuls deux pays africains ont ratifié, dont la Mauritanie, nous sommes aussi les champions en matière de violation de ces mêmes conventions et leurs pendants sur le plan national. Ainsi, la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de manifester sont bien présents dans l’arsenal juridique national, mais bafouée dans la pratique quotidienne.

Toutes les manifestations pacifiques sont interdites et réprimées dans le sang. Les journalistes sont battus dans l’exercice de leur fonction et leur matériel confisqué. Les arrestations arbitraires à relents de séquestration par la force publique sont légions et les droits les plus élémentaires des citoyens sont piétinés.

La gravité de cet état de fait est allé crescendo, notamment avec le pouvoir actuel, celui de Ghazouani et son omnipotent ministre de l’Intérieur ainsi que son alter ego de la justice.

Fidèle à cette triste tradition, deux activistes de Nouadhibou, Mourad Ould Soueilem et Kerim Ould MBareck ont été arrêtés à titre préventif par la police, rien que pour les empêcher de perturber la visite de Ghazouani prévue le lendemain dimanche et lundi, 21 et 22 avril 2024 à Nouadhibou.

Pendant ce temps, le lundi 22 avril courant, un journaliste du site Al Akhbar qui couvrait un sit-in organisé par les amis de l’ancien sénateur Ould Ghadde réclamant sa libération de prison, a été bastonné par un policier et son téléphone confisqué ainsi que la caméra portée par son collègue. Les autres manifestants qui réclamaient la libération de Ould Ghadde, victime d’un emprisonnement jugé injuste à cause d’un rapport pour corruption dénoncé par son organisation « Transparence Inclusive », ont été refoulés à coups de matraques et de savates jusque dans l’enceinte de la mosquée Ibn Abass devant laquelle ils s’étaient massés.

Cheikh Aïdara