LIGNE DE MER : A quand un véritable Etat de droit en Mauritanie
L'état de droit en Mauritanie
- Publié par Aidara cheikh --
- Friday, 24 Jan, 2025

Au moment où les citoyens mauritaniens sont soumis au rouleau compresseur d’une administration qui semble évoluer, dans certaines de ses pratiques, en dehors des normes légales et réglementaires qui régissent les rapports entre administrateurs et administrés, il est légitime de se poser la question : sommes-nous dans un état de droit ?
Revisitons ensemble les concepts de base de l’Etat de droit. Il est soutenu que l'État de droit impose que tout un chacun bénéficie d'une protection égale en vertu de la loi et prévient l'usage arbitraire du pouvoir par les autorités. Il garantit la protection et le respect des droits civils et politiques fondamentaux ainsi que des libertés civiles
Dans son préambule, la Constitution mauritanienne de 1991 plusieurs fois amendée, souligne que le peuple mauritanien qui est source de tout pouvoir (article 2 de la Constitution) proclame la garantie intangible des droits et principes suivants : le droit à l’égalité ; les libertés et droits fondamentaux de la personne humaine ; le droit de propriété ; les libertés politiques et les libertés syndicales ; les droits économiques et sociaux ; les droits attachés à la famille, cellule de base de la société islamique.
En son article 4, la Constitution stipule que « la loi est l’expression suprême de la volonté du peuple. Tous sont tenus de s’y soumettre ».
Aujourd’hui, les citoyens mauritaniens sont pourtant dépouillés de tous les droits garantis par la Constitution et les lois régissant la République. Même les conventions et accords internationaux ratifiés sont allègrement piétinés.
Ainsi, les cas d’injustice se multiplient au milieu d’une corruption généralisée sous-tendue par une impunité totale accordée aux auteurs d’infractions pénales et de crimes contre la Nation.
Pour prendre un exemple banal, citons les dons annuels de carcasse de moutons offerts par l’Arabie Saoudite aux pauvres et démunis. Ces derniers en entendent parler sans jamais voir la couleur de cette abondante viande convoyée par containers entiers. Ce sont les riches et les puissants de la République qui se partagent le butin, parfois convoyés à bord de véhicules de l’administration.
Les témoignages des personnes vivant avec un handicap devant le Hakem de Toujounine en sont l’expression la plus saisissante.
Prenons un autre exemple. Les citoyens sans terrain qui vivent là où ils peuvent dans des hangars rafistolés. Ils sont refoulés, leur habitat détruit, sans compensation et sans humanisme, les livrant eux et leurs enfants à la merci de la rue. Dans les Etats les plus mécréants, de telles situations sont inadmissibles, que dire d’un pays qui se proclame République islamique.
Mais aussi, les retraités des forces armées et de sécurité. Dans une vidéo récente, un sous-officier à la retraite se plaint auprès du Chef d’état-major des armées qui a pris la décision de faire arrêter tout véhicule appartenant à un militaire, en service ou non, alors qu’une mesure exceptionnelle les dispensait des droits de douane, ne serait-ce que pour services rendus à la Nation. Tout le monde sait, la situation de pauvreté extrême que vivent les agents des forces armées et de sécurité qui se retrouvent une fois à la retraite avec des pensions dérisoires.
Des centaines de pères de familles conducteur de véhicules à trois roues sont aujourd’hui pourchassés d’une part par des foules de policiers qui les rackettent et d’autre part, une administration qui veut les obliger à payer, vignette, assurance et permis. Certains parmi ces derniers interrogés disent qu’ils sont prêts à se soumettre à ces nouvelles dispositions si cela peut tout au moins les protéger des rackets policiers sur la voie publique.
In fine, il semble que l’Etat veut instaurer une structure chargée de la lutte contre la corruption. Il faut juste rappeler que le problème du pays n’est pas normatif mais que le problème de la corruption se situe dans l’application des textes par une élite au pouvoir habituée au luxure et assurée de l’impunité.
Cheikh Aïdara