Le récit de Mariam : une douleur sans fin

L'excision, un mal incurable qui fait des ravages

femmes masquées

Mariam, 27 ans, réside dans le village de Bagoueinitt, situé dans la commune d’Aïn Farba, une petite localité isolée du Hodh Gharbi. Ce village se trouve à 63 km de la route de l’Espoir et à 123 km d’Aïoun, la capitale régionale. La vie y est modeste mais éprouvante : les services de santé sont quasiment absents, et les traditions, même les plus préjudiciables, continuent d’imposer leur emprise sur le quotidien.

Il y a six mois, Mariam a donné naissance à sa première fille, Kethoum, après trois garçons. Elle était ravie d’avoir enfin une fille, un rêve qu’elle nourrissait depuis son mariage à 18 ans. La petite Kethoum était sa fierté, une lumière dans sa vie.

Mais dans leur communauté, une croyance profonde persiste : une fille doit être excisée pour être considérée comme "propre" et "mariée un jour". Malgré ses doutes, Mariam a subi la pression de sa belle-famille et des anciennes du village. "C'est pour son bien, pour son honneur," lui ont-elles dit.

Le jour fatidique est arrivé. Une exciseuse locale, sans formation médicale, a été appelée. Kethoum, alors âgée de deux mois à peine, a crié de douleur alors que l’excision était pratiquée. Mariam, le cœur serré, ne pouvait qu’assister, impuissante.

Quelques heures plus tard, le drame s’est produit. Kethoum a commencé à saigner abondamment. Sa petite fille, si fragile, s’affaiblissait à vue d’œil. Mariam a supplié son mari et ses voisins de chercher de l’aide, mais le centre de santé le plus proche était à des heures de marche, et personne ne possédait de moyen de transport. Avant la tombée de la nuit, Kethoum a rendu son dernier souffle dans les bras de sa mère.

Le silence pesant du village s’est installé. Mariam était dévastée, inconsolable. Les paroles de réconfort des autres femmes lui paraissaient vides. "C’est la volonté de Dieu," disaient-elles. Mais au fond d’elle-même, Mariam savait que cela n’était pas la volonté de Dieu.

Aujourd’hui, Mariam est déterminée à ce qu’aucune autre mère de son village ne vive ce qu’elle a vécu. Avec l’aide de l’ONG ODZASAM et l’appui financier de l’UNFPA , elle participe à des séances de sensibilisation sur les dangers de l’excision et milite pour que les traditions néfastes soient abandonnées. "Ma petite Kethoum est partie, mais si son histoire peut sauver d’autres filles, alors son sacrifice n’aura pas été vain," dit-elle, les larmes aux yeux.

NB : Ce récit vise à montrer l’impact humain des MGF, tout en soulignant l’importance de la sensibilisation et de l’éducation pour prévenir ces tragédies.