Les acteurs mauritaniens des cultures urbaines lancent leurs activités

la COACUM se lance au cours d'une conférence de presse

COACUM

 

Nouakchott a abrité jeudi 12 décembre 2024, le lancement des activités d’une structure créée depuis un an et dénommée Coalition des Acteurs des Cultures Urbaines de Mauritanie (COACUM). Il s’agit, selon les responsables, de la première organisation qui regroupe tous les Rappeurs, danseurs, artistes ainsi que les métiers qui gravitent autour.

De G.à Dr. Monza, Mister X, MiKey Aly Diallo, Cheikh Baby et Mokhtar Keita – Crédit Aidaraidara

Ouvrant les travaux de la conférence de lancement de la COACUM qui a eu lieu jeudi 12 décembre 2024 dans les locaux du Conseil Régional de Nouakchott, Mamadou Aly Diallo dit Mickey Ali Diallo, son président, a précisé que cette structure existe depuis un an et qu’elle a élu aux termes d’une Assemblée générale ses instances dirigeantes, un bureau exécutif de huit membres, dont deux femmes et un Comité des Sages dont certains résident à l’étranger.

Mamadou Aly Diallo, président de COACUM,- Crédit Aidara

Il a rappelé qu’à l’origine de la COACUM, ce sont Kane Limam dit Monza, président du festival Assalamalekum, et Mar Bâ du groupe Diamin Teki qui réside en Europe, que l’idée est venue de fédérer tous les acteurs des cultures urbaines dans une seule structure puissante et unifiée qui servira d’interface avec les pouvoirs publics et les partenaires techniques et financiers de la Mauritanie. C’est le fruit, dira-t-il en substance, de trente voire quarante ans de combats, qui a abouti à l’obtention d’un récépissé de reconnaissance juridique, ouvrant la voie à une reconnaissance effective de la part du département de tutelle, le Ministère de la Culture.

Quelques points sont à retenir de cette conférence de presse, hormis la question de la reconnaissance dans les faits évoqués plus haut.

Vue partielle de la salle et intervention de Mokhtar Keita – Crédit Aidara

L’apport des cultures urbaines

Tous les intervenants ont été unanimes à relever le rôle que jouent les cultures urbaines dans le développement social et économique du pays, sans compter leur apport dans le domaine de la diplomatie culturelle, eu égard aux voix portées par les artistes rappeurs mauritaniens sur les différents plateaux médiatiques du monde et sur les scènes internationales. Des noms émergent, Monza, Diamen Teki, Adviser, Oulad Leblad, CeePi, Mister X fondateur de VFC Prod., BD Authentique, Hamzo Bryn, etc.

Cheikh Baby, Vice-présdient COACUM – Crédit Cheikh Aidara

Le RAPP a aussi permis de sortir plusieurs jeunes de la délinquance pour leur offrir un métier porteur dans le hiphop, selon Cheikh Baby, Vice-président de COACUM. Et de poursuivre en soulignant que le RAPP offre des perspectives certaines de promotion sociale aux jeunes talents. Par ricochet, des emplois stables.

Pour Monza, la culture d’une manière générale, et les cultures urbaines entre autres, sont un des piliers de développement. Selon lui, les évènements créés par les artistes injectent de l’argent dans l’économie du pays et que le RAPP est aujourd’hui le premier produit de consommation des Mauritaniens.

Ainsi, 80 %¨des Mauritaniens consomment les cultures urbaines et 90% des jeunes sont dans le hiphop, ont affirmé tour à tour, Mikey Aly Diallo et Cheikh Baby.

Une force de pression

En tant que creuset d’aspiration pour les 30.000 rappeurs mauritaniens, selon les chiffres avancés par Monza, la COACUM se veut une force de proposition dans le domaine culturel en Mauritanie et une force de pression pour satisfaire le cahier de doléances des acteurs du milieu qui ont longtemps souffert de marginalisation de la part des différents pouvoirs qui se sont succédé en Mauritanie, selon les intervenants.

Kane Limam dit Monza membre du Comité des Sages – Crédit Aidara

Cette situation exige, selon Monza, la mise en place d’un cadre légal qui protège les artistes. Selon lui, l’un des objectifs de la conférence de presse organisée ce jour, c’est de faire connaître la COACUM, une structure qui regroupe l’ensemble des acteurs des cultures urbaines en Mauritanie. L’idée est de rappeler aux pouvoirs publics et aux partenaires que cette structure est la seule représentante légale des acteurs de ce milieu.

Statut de l’Artiste

Ce point central a fait l’objet d’une longue et riche intervention de Monza qui a rappelé qu’en 2012 une loi a été adoptée relative à la propriété intellectuelle, littéraire et artistique qui a besoin de révision selon lui. Certaines dispositions de ce texte ne répondraient pas d’après lui et plusieurs autres intervenants aux intérêts des acteurs des culturels urbaines. Et le décret d’application de cette loi se serait perdu entre temps dans les méandres du Ministère de la Culture, d’où des questions posées quant au sort qui lui a été réservé.

Vue plongeante de la salle – Crédit Aidara

Pourtant, Monza a rappelé que la Mauritanie a pris des engagements sur le plan international dans le domaine culturel, citant la Convention UNESCO de 2005 sur la rémunération des artistes.

De là découle également son refus du maintien de la cellule des droits d’auteurs logée au sein du Ministère de la Culture. Selon lui, cette cellule est inutile et ne travaille pas, prônant la création d’une société de gestion collective des droits d’auteurs et droits voisins contrôlée par les acteurs culturels eux-mêmes, comme ce qui se fait dans les pays limitrophes.

Enfin, Monza a déclaré qu’il est temps que le ministère de la Culture et le ministère du Commerce unissent leurs efforts pour exiger auprès de Google et de You Tube la monétisation des contenus mauritaniens, expliquant le grand manque à gagner dont souffrent sur ce plan les artistes mauritaniens qui ne reçoivent le moindre centime de la diffusion de leurs produits alors que d’autres en profitent.

Cheikh Aidara