Migration de la main d’œuvre, vers l’élaboration d’une Stratégie nationale en Mauritanie
Stratégie nationale migration de la main d'oeuvre en Mauritanie
- Publié par Aidara cheikh --
- Thursday, 11 Dec, 2025
Nouakchott a abrité mercredi 10 décembre 2025, l’atelier de lancement de l’élaboration de la Stratégie Nationale de migration de la main d’œuvre. Il s’agissait pour les participants de discuter des modalités du processus entamé et de dégager des pistes d’exécution pour les phases ultérieures.

En ratifiant la Convention 143 de l’OIT sur les travailleurs migrants, la Mauritanie avait exprimé dès l’entrée en vigueur de cette convention en 2020, son engagement à améliorer les conditions de travail et la protection des migrants sur son sol, ainsi que sa volonté à aligner sa législation avec les normes internationales à ce sujet.
La Mauritanie ouverte à la main d’œuvre étrangère
L’atelier de lancement de la Stratégie Nationale de migration de la main d’œuvre, organisé par le Ministère de la Fonction Publique et du Travail avec l’appui du Bureau International du Travail (BIT) le mercredi 10 décembre 2025 serait l’illustration de l’ouverture de la Mauritanie à la main d’œuvre étrangère, comme cela transparait dans le mot prononcé à l’occasion par le Secrétaire général du ministère, M. El Bekaye Abdel Kader El Khou.

Il voit dans cette démarche, une volonté des pouvoirs publics d’organiser la migration en Mauritanie, avec l’appui de ses partenaires, afin d’offrir de meilleures perspectives pour la main d’œuvre étrangère dans le pays. Il s’agit aussi selon lui d’améliorer les relations de partenariat dans le domaine de la libre circulation de la main d’œuvre migrante, soulignant que la Mauritanie est toujours ouverte à la présence de cette main d’œuvre en provenance de pays amis et frères, tout en restant convaincue que des traitements similaires seront réservés à ses ressortissants établis à l’étranger.
La mobilité des travailleurs chère à l’OIT
Auparavant, Aurélie Segatti, spécialiste de la migration du travail de l’OIT pour l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique, avait salué la ratification par la Mauritanie de la Convention 143, ce qu’elle considère comme un pas important franchi, avec des études sur les métiers en tension dans divers secteurs de l’économie mauritanienne et l’appui aux services publics de l’emploi (TECHGHIL) pour le placement à l’international des travailleurs, entre autres réalisations. Elle a évoqué l’adoption en 2011 d’une stratégie nationale de gestion de la migration avec l’appui de l’Union européenne et dont la mise en œuvre n’a été réalisée qu’en 2022. Elle a rappelé l’importance attachée par l’OIT à la mobilité de la main d’œuvre qu’elle place au cœur de son mandat normatif, pour guider les Etats sur les droits fondamentaux des travailleurs issus de la migration.

Main d’œuvre migrante, une vieille histoire
Guité Diop, qui a travaillé pendant des années comme Point Focal du BIT en Mauritanie et qui gère actuellement le Projet FMM à partir d’Abuja (Nigéria) est revenu sur les projets antérieurs, comme le Projet BIT/Migrant, AMEM, FMM, ainsi que leurs acquis.

Parlant du Projet BIT/Migrant (2008-2012) qui concernait la Mauritanie, le Mali et le Sénégal, il a précisé que pour des raisons sécuritaires au Mali, le projet s’était finalement focalisé sur le Sénégal et la Mauritanie. Il a souligné qu’il a démarré au Sénégal et que ses outils ont été adaptés à la Mauritanie. Il s’articulait autour de 4 axes, le renforcement des structures en charge du travail avec les institutions, l’amélioration de l’articulation Emploi/Formation pour répondre aux besoins du marché du travail, le renforcement de la mobilité et l’appui à la réinsertion des migrants, la promotion et l’insertion des travailleuses migrantes avec comme exemple la migration circulaire avec l’Espagne.
Comme résultats, ce projet avait permis, selon lui, d’établir des bases de données sur l’emploi malgré quelques limites. Ces résultats, d’après lui, ont cependant profité à l’ANAPEJ dans ses statistiques avec l’appui de partenaires.
Ces bases de données ont permis de faciliter la gestion des demandes d’emplois en concertation avec les employeurs. Cela a permis aussi le processus ayant conduit à l’élaboration du manuel de l’employabilité et l’amélioration de la cartographie des Service d’appui à l’emploi.

Revenant sur les acquis du Projet Appui à la Migration Equitable pour le Maghreb (AMEM 2018-2022), Guité Diop a rappelé les 3 axes autour desquels ce projet a travaillé en Mauritanie. Il s’agissait du renforcement du système d’informations autour de la main d’œuvre migrante, le renforcement du dialogue social, une meilleure cohérence d’approche entre les services publics et privés de l’intermédiation et de la protection.
S’agissant du projet actuel FMM, Appui à la libre circulation des personnes et des migrants en Afrique de l’Ouest, lancé en mai 2025 pour quatre ans, et financé par l’Union européenne, la Mauritanie, selon Guité Diop, est considérée comme un des pays prioritaires dans ce projet.
Débats et clôture
Après les débats ouverts après cette présentation, les participants ont suivi un aperçu du cadrage technique de la stratégie envisagée. Il s’est agi d’aborder l’aspect relatif au benchmark international, aux cadres régionaux et les études de cas.
Enfin, la rencontre s’est achevée par la proposition d’un canevas des étapes suivantes et de leurs modalités. Dans ce cadre, l’experte de l’OIT, Aurélia Segatti, a proposé l’organisation de trois ateliers en 2026. Un travail qui devrait être consacré à l’analyse situationnelle, après le recrutement de trois consultants dont au moins, un consultant international. Ce sera une sorte de Task Force chargée de suivre le processus de validation nationale et régionale jusqu’à l’élaboration de la stratégie finale.

L’atelier a été clos par le Directeur général du Travail, Hamoud Ould T’Feïl. Il faut noter la présence durant l’ouverture officielle du Secrétaire général du Ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, de l’Emploi, des Sports et du Service Civique, celle de la représentante de la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie. L’ensemble des parties prenantes étaient aussi présentes, en l’occurrence le Patronat et les principales centrales syndicales du pays, UTM, CGTM et CLTM, mais aussi les représentants de partenaires techniques et financiers.
Cheikh Aïdara
