Moulaye Gaouad, expert-comptable et ancien membre de l’IGE, alerte sur les “rapports oubliés” de la Cour des comptes
Alerte sur les “rapports oubliés” de la Cour des comptes
- Publié par Aidara cheikh --
- Thursday, 23 Oct, 2025
Dans une analyse approfondie publiée récemment, l’expert-comptable Moulaye Gaouad, ancien membre de l’Inspection générale de l’État, revient sur les rapports 2019-2021 de la Cour des comptes, restés sans suite malgré leurs constats alarmants sur la gestion publique.
Selon lui, ces documents n’ont pas reçu l’écho qu’a suscité le rapport 2024, lequel a entraîné des mesures concrètes : révocation de responsables, transmission de dossiers à la justice et amorce d’une nouvelle phase de rigueur dans la lutte contre la corruption.
“Les rapports de 2019 à 2021 avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme”, rappelle-t-il, soulignant qu’ils ont soulevé des questions de fond sur la transparence, la gouvernance et l’efficacité administrative.
Ces audits avaient examiné plusieurs secteurs essentiels : environnement, affaires sociales, douanes, sécurité alimentaire, eau et assainissement. Bien que le nombre de missions ait été limité — quatre en moyenne par an —, leurs conclusions avaient mis à nu les principales failles de la gestion publique.
Moulaye Gaouad résume les constats de la Cour en trois grands volets :
1. Des erreurs flagrantes de gestion, notamment dans la passation et l’exécution des marchés publics.
2. Des défaillances structurelles et organisationnelles, traduisant un manque de contrôle interne, de traçabilité et de coordination.
3. Des indices de corruption, là où des irrégularités s’accompagnaient d’avantages indus ou de falsification de documents.
Pour l’ancien inspecteur, le principe d’égalité devant la sanction impose que les rapports précédents soient traités avec la même rigueur que celui de cette année.
“La justice et la crédibilité de l’État exigent que la réponse ne soit pas dictée par le bruit médiatique ou la pression populaire, mais par la force des preuves”, insiste-t-il.
Moulaye Gaouad appelle également à intégrer les rapports de l’Inspection générale de l’État et ceux des inspections internes dans une stratégie cohérente de contrôle, assortie d’un suivi obligatoire, de sanctions disciplinaires et financières, et de la saisine systématique de la justice en cas de soupçon de corruption.
Conscient que son appel peut déranger certains responsables cités dans ces rapports, il conclut :
“L’équité veut que chacun soit jugé selon le même standard, que toute observation entraîne une action, et que toute faute avérée soit sanctionnée. C’est à ce prix que se construira la confiance du public et que s’enracinera un nouvel ordre administratif fondé sur l’éthique et la transparence.”
