La Mauritanie épinglée dans le domaine de la migration Maltraitances de migrants en Mauritanie, Human Rights Watch accuse, Nouakchott dément
Monday, 01 Sep 2025 20:00 pm

L'Authentique

Dans un rapport publié récemment, Human Rights Watch accuse les autorités mauritaniennes de violation des droits des migrants, ressortissants de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ce que Nouakchott a formellement démenti.

Entre 2020 et 2025, Human Rights Watch (HRW) a documenté des dizaines de violation des droits humains subies par des hommes, des femmes et des enfants de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. L’organisation internationale accuse les autorités mauritaniennes chargées des contrôles migratoires et aux frontières. Sont citées, des violations relatives à des actes de torture, de viol et d’autres abus physiques. 

Des témoignages de victimes

Le rapport cite des entretiens menés auprès de 223 personnes par téléphone et en personne lors de visites en Mauritanie, au Mali, au Sénégal et en Belgique. Il s’agit de 102 migrants et demandeurs d’asile et de 121 autres personnes, dont des responsables et agents du gouvernement, des Nations Unies et de l’Union européenne, mais aussi des membres de la société civile.

Parmi les personnes interrogées, 78 disent avoir été victimes de violations des droits humains documentés en Mauritanie, 1 Mauritanien accusé de trafic de migrants et 77 ressortissants étrangers, dont 3 demandeurs d’asile et 74 migrants dont certains en situation irrégulière et d’autres en situation régulière. Les victimes présumées sont du Sénégal, du Mali, du Cameroun, de la Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria.

HRW affirme aussi avoir visité des centres de rétention de migrants à Nouakchott et Nouadhibou en plus de la prison de Dar-Naïm à Nouakchott pour y observer les conditions de détention et d’interviewer des détenus pour des raisons liées à l’immigration, ou des accusations de trafic de migrants. Dans son rapport, l’organisation accuse des forces de sécurité mauritaniennes d’avoir fréquemment soumis des migrants et des demandeurs d’asile à du harcèlement et à des arrestations arbitraires.

HRW a aussi parlé des expulsions massives de migrants subsahariens vers le Sénégal ou le Mali, dont des demandeurs d’asile, des femmes, des enfants et des réfugiés ayant un statut légal valide. Parmi eux, 35 ont été interviewés entre 2020 et 2025 et qui auraient été objet d’expulsion non respectueuse des procédures régulières.

Des avancées positives

Dans son rapport, HRW parle cependant de démarches positives entamées par les autorités mauritaniennes en mai 2025 avec l’adoption des Procédures Opérationnelles Standard (P0S) pour réglementer les sauvetages et les interceptions en mer, les débarquements et la prise en charge des migrants.

L’Espagne et l’Union européenne épinglés

Le rapport de HRW épingle aussi l’Europe et en particulier l’Espagne pour complicité dans la violation des droits des migrants en Mauritanie en indexant notamment la politique d’externalisation et le nouveau partenariat de 2024 en matière de migration. Financements et équipements accordés au gouvernement mauritanien et aux forces de sécurité pour renforcer les contrôles aux frontières.  Entre 2015 et 2023, ces financements ont atteint au moins la valeur de 61 millions d’euros, sans garantie adéquate pour faire face aux risques de violation des droits humains. Cela sans compter les 100 millions d’euros de financement octroyés à la Mauritanie en 2024 et pour lequel l’Union européenne n’a publié aucun budget ventilé, ni les millions d’euros accordés aux forces armées mauritaniennes à des fins de sécurité, notamment celle des frontières.

En gros, HRW accuse l’Europe d’avoir encouragé et financé au fil des ans, des approches répressives du contrôle des migrants en Mauritanie, allant à l’encontre des objectifs africains en matière de libre circulation, contribuant aux violations des droits des migrants et des demandeurs d’asile.

La Mauritanie dément

Dans un communiqué publié à l’occasion, le Ministère de l’Intérieur de la Mauritanie a confirmé qu’aucun réfugié ou migrant en situation irrégulière en Mauritanie n’a subi de torture ou de mauvais traitement. Le Ministère a précisé que les centres d’accueil sont entièrement équipés pour fournir un hébergement, des services de santé et de sécurité, tout en respectant les droits humains et légaux des personnes.

Le département a ajouté que ces centres fonctionnent sous la supervision d’équipes spécialisées et des programmes numériques pour la vérification des identités, soulignant qu’aucune personne en situation légale ne sera expulsée sans que ses droits ne soient respectés.

Le Ministère a enfin affirmé que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts de la Mauritanie pour lutter contre l’immigration clandestine et protéger les réfugiés, tout en faisant preuve de transparence et d'ouverture aux visites officielles et de surveillance pour garantir le respect des droits de l'homme.

 

Cheikh Aidara