Rapport accablant de la Cour des Comptes Rapport accablant de la Cour des Comptes : le cri d’alarme d’une Nation trahie
Friday, 10 Oct 2025 20:00 pm

L'Authentique

La Mauritanie vient de vivre un séisme politique et moral.

Le récent rapport de la Cour des Comptes, appuyé par un documentaire diffusé au grand public, a mis à nu une réalité indigne d’un État moderne : un pillage systématique et organisé des ressources publiques, orchestré par ceux-là mêmes qui avaient pour devoir de les protéger.
Les révélations sont graves, précises, et ne laissent place à aucune ambiguïté : détournements massifs, surfacturations, marchés fictifs, manipulations comptables et enrichissements personnels sur le dos du peuple mauritanien.

Un État trahi par ses propres serviteurs

Ce rapport n’est pas une simple énumération d’irrégularités administratives. Il est le miroir de décennies d’impunité et de connivence, où l’intérêt général a été sacrifié sur l’autel des privilèges personnels.
Les responsables politiques, les ordonnateurs, les comptables publics et certains directeurs d’entreprises publiques portent une responsabilité morale et pénale directe. Leurs signatures, leurs décisions, et parfois leurs silences complices, ont contribué à affaiblir la confiance du citoyen envers les institutions.

Ce qui choque le plus, c’est le degré d’organisation de ce pillage d’État. Les montages financiers décrits révèlent une coordination entre plusieurs niveaux de responsabilité, transformant les caisses publiques en une véritable chasse gardée de réseaux d’intérêts privés.

L’heure des comptes a sonné

Dans une République, la transparence et la reddition des comptes ne sont pas des options : elles constituent le fondement même de l’État de droit. Il est donc impératif que ce rapport ne reste pas lettre morte.
Le peuple attend des actes forts, visibles, et courageux. La justice doit être saisie, les audits approfondis, et les sanctions exemplaires. La lutte contre la corruption doit devenir un pilier d’action, non un slogan politique.

Conseils au Président de la République

Monsieur le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani,
Vous avez promis un État juste, fort et équitable. Aujourd’hui, l’histoire vous offre une occasion rare : celle de rompre définitivement avec les pratiques du passé et de rétablir la confiance du peuple.
Voici trois orientations claires qui pourraient marquer un tournant :

  1. Ordonner des poursuites judiciaires immédiates sur les cas les plus graves mentionnés par la Cour des Comptes, sans considération de rang ni de fonction.
  2. Créer une Autorité nationale indépendante de la transparence et de l’intégrité publique, rattachée directement à la Présidence, dotée de pouvoirs d’investigation réels.
  3. Réformer en profondeur la gestion budgétaire et les marchés publics, en introduisant un système numérique de traçabilité et de contrôle citoyen.

Ces mesures, appliquées avec rigueur, placeraient la Mauritanie sur la voie d’une renaissance institutionnelle, où l’exemplarité devient la règle, et non l’exception.

La Mauritanie ne manque ni de richesses ni de talents ; elle souffre seulement d’un manque d’éthique et de rigueur dans la gestion de ses ressources.
Ce rapport doit être perçu non comme une catastrophe, mais comme une opportunité de purification nationale, un point de départ pour reconstruire la confiance entre gouvernants et gouvernés.

Car comme le disait feu Moktar Ould Daddah :

« La dignité d’une nation ne se mesure pas à sa richesse, mais à la probité de ceux qui la servent. »

Abdallah Sarr

Administrateur des Régies Financières à la retraite