CARNET DE VOYAGE VERS LE SUD-EST MAROCAIN CARNET DE VOYAGE VERS LE SUD-EST MAROCAIN : De Casa à Zagora, le Maroc en diagonale
Saturday, 08 Nov 2025 00:00 am

L'Authentique

Arrivé à l’aéroport international de Casablanca, au Maroc, le 28 octobre 2025, je retrouvais mes amis d’Arterial Network, une plateforme culturelle africaine, dont je suis membre du Comité de Pilotage et Président de la zone Afrique du Nord. En fait, c’est Luc Mayitoukou, arrivé en même temps que moi par un vol Dakar-Casa que j’ai rencontré en premier à l’aéroport. Luc est congolais résidant à Dakar, au Sénégal, où il dirige une structure dénommée « Zouk Culture ». Il est régisseur général de plusieurs festivals à travers l’Afrique, dont le festival SOMAROHQ au Madagascar, le Festival sur le Niger ou Festival de Ségou au Mali, entre plusieurs autres festivals en Afrique. Tous les deux nous avons pris le train au sous-sol de l’aéroport Mohamed V pour nous rendre directement à Casa-Voyageurs et de là, à Casa-Port.

C’est là, où le restant de l’équipe nous rejoignit. Babylass Ndiaye du Sénégal, président d’Arterial Network ainsi que son assistante, Marie, puis Manassé Nguinambaya du Tchad et Marius Roméo Gamando de la Centrafrique. Nous avions dû prendre un taxi pour retourner à Casa-Voyageur et de là, par train, direction Marrakech. Trois heures de roulements mécaniques avec plusieurs haltes et la valse des voyageurs, ceux qui descendaient et ceux qui embarquaient.

Marrakech, la ville Mourabitya

A la gare de Marrakech, nous rencontrons le directeur de l’Institut Goethe au Maroc. Il était au Sénégal et donc ils se connaissaient, lui, Babylass et Luc. Il était accompagné par sa petite famille. Longues conversations, puis rendez-vous fut donné à M’Hamid Ghizlane, notre destination finale, à quelques 500 kilomètres plus au Sud-Est du Royaume Chérifien et où se tient le festival annuel « Taragalt ». Ce festival était d’ailleurs la raison de notre présence au Maroc. Le directeur de l’évènement, Brahim Sbai, nous y avait conviés.

D’ailleurs, le chauffeur de la voiture Mercedes Vitro, Saïd, était déjà sur place et nous attendait. A Marrakech, nous avons récupéré Ninette Nyiringango dite Empress, une artiste musicienne canadienne d’origine rwandaise.

Marrakech ou « El Baja », la « ville rouge », a été créé en 1062 par Youssouf Ben Tachfine et la dynastie des Mourabitounes venue de l’espace actuel de la Mauritanie. Ville impériale, avec plus d’1 million d’habitants, c’est la troisième cité marocaine la plus importante avec plus de 900 années d’histoire derrière elle. Aujourd’hui, Marrakech est la ville la plus touristique du Maroc avec environ 3 millions de visiteurs par an.

Au pied de l’Atlas

Le soleil était au zénith lorsque nous nous arrêtons à un restaurant vendant des plats locaux, tajine, poulet rôti, grillades, entre autres mets aux couleurs et aux saveurs variés. A la sortie de Marrakech, le souffle du désert précédait notre ascension vers les sommets du Haut-Atlas.

La luxuriante végétation faite d’eucalyptus, de figuiers, de chaînes et de palmeraies se poursuivaient dans une verdure de plus en plus dense. Le col de Tizi n’Tichka qui relie Marrakech et Ouarzazate nous offrit son panorama de rêve. Un enchevêtrement de routes qui serpentaient au milieu des formations d’acier qui se rapprochaient parfois, s’éloignaient ensuite, dans des dédales qui montaient vers le ciel, puis redescendaient abruptement à travers des virages secs par endroits.  

Un paysage à couper le souffle défilait, fait de vallées, de cols et de plateaux, traversant des villages berbères à flancs de côteaux. L’axe serpentait entre plusieurs localités et sites historiques, à l’image de la Kasbah de Telouet ou encore le Ksar d’Aït Benhadou, classé patrimoine de l’Unesco.

Nous marquons un bref arrêt à l’un des nombreux points de repos qui jalonnent la route. Le temps de dégourdir les jambes, de payer des rafraîchissements et de prendre quelques photos souvenirs.

Ouarzazate, le « Hollywood » marocain

La ville de Ouarzazate apparut dans toute sa majesté, confortant son surnom de « Porte du désert ». Nous vîmes défiler plusieurs studios de l’industrie cinématographique, comme « Atlas Studio », « Fint Studio » ou encore « CLA Studio ». La région, notamment la Kasbah de Taourirt et son palais du XIXème siècle, fut le lieu de tournages de productions internationales célèbres comme « Lawrence d’Arabie », « Haute tension », « La momie », « Gladiator » ou encore « Kingdom Of Heaven ».

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Avec sa géographie rocailleuse, Ouarzazate offre dans sa partie nord-ouest la ville fortifiée en terre rouge d’Aït Ben Haddou, alors que les gorges du Toudra s’étendent au nord-est. A travers les palmeraies luxuriantes, la Vallée du Drâa s’enfonce en direction du désert.

Plus on s’éloigne de Ouarzazate, plus le paysage change de visage. Nous traversons la petite localité de Tamgrout. Sur le chemin, plusieurs boutiques de ventes d’objets en poteries traditionnelles et des bols de dimensions variées scintillant sous les rayons du soleil avec leurs motifs savamment dessinés.

Zagora, l’antique cité caravanière

C’est de Zagora d’où partait il y a de cela plusieurs siècles, dans un long voyage par chameau de 52 jours, le commerce transsaharien vers Tombouctou au Mali. Nous sommes dans le Drâa Tafilalet, là où la dynastie de l’Empire chérifien, les Saadiens, allaient inaugurer en 1591, la première expédition vers Tombouctou.

La ville peuplée aujourd’hui d’environ 52.000 habitants, avec son aéroport et ses infrastructures offre une architecture typique et harmonisée qui donne une âme à la cité. Plusieurs Kasbahs dans la région sont peuplés d’Amazighes, de Chlouhas, de berbères et de juifs qui vivent en toute symbiose depuis des temps immémoriaux.

Après près de 8 heures de route, nous descendîmes enfin à l’hôtel « Le Dromadaire gourmand » de Moustapha Aït Mekin, un ancien chamelier, commerçant d’objets d’art légués par ses parents, puis hôtelier. Chaque soir, il rentre chez lui, comme de nombreux commerçants de la ville, à Amzrough, une Kasbah située à près de 4 kilomètres.

Après l’ouverture officielle du « Festival Taragalt » dans le splendide hôtel REDA de Zagora, le 30 octobre 2025, nous fîmes cap le lendemain en direction de M’Hamid Ghizlane, lieu des spectacles.

Mhamid Ghizlane, fin du trajet

Aux abords de la route bitumée, juste après Zagora, un tapis de pierres et des surfaces rocailleuses. Les montagnes réapparaissent comme de grises sentinelles qui tantôt nous étreignent et tantôt desserrent leurs masses noires. La végétation est de plus en plus clairsemée, striée par endroits par des défilés de palmeraies. Des routes secondaires viennent par intermittence entrecouper la nationale, zigzaguant vers des hauteurs lointaines. De temps à autre, des bâtisses solitaires surgissent dans la grisaille du jour. Nous traversons des ouvrages et des ponts. Puis, surgit la Kasbah d’Aitisoul, avec ses champs de palmeraies, ses panneaux solaires et ses pylônes aux allures insolites.  

Quelques kilomètres plus loin et nous tombons sur Tagounit. De l’entrée de la cité, arpentée par des dizaines d’écoliers et d’élèves drapés de blouse blanche, jusqu’à la sortie, la circulation est ralentie par des travaux sur la route. Un bon quart d’heure de soubresauts. Puis, défilent l’Oued Ben Hakki, Regabi, avec ses maisons basses en argile, ses palmeraies et ses coopératives agricoles.

A 13 heures 55, le 31 octobre 2025, le panneau apparut : M’Hamid Ghizlane. Fin du trajet. Large soupir de soulagement des passagers de la voiture, mes amis d’Arterial Network, repus de sommeil, avec quelques bribes de souvenir sur le trajet. Quant à moi, la curiosité m’avait tenu éveillé tout au long du voyage.

M’Hamid Ghizlane, encore appelé Targala ou Taragalt, est située à la lisière du Sahara, sur les confins algéro-marocains. Sa population fait un peu plus de 7.000 habitants, avec des ergs de sable, des oasis et des populations nomades environnantes.  Elles vivent du tourisme essentiellement, offrant des excursions dans le désert, notamment vers les dunes de l’erg Chegaga et ses dernières colonies de gazelles encore vivantes dans leur milieu naturel.

Le « Festival Taragalt » pour lequel nous sommes venus à M’Hamid vit sa 16ème édition avec la présence de plusieurs touristes essentiellement européens. Il offre un cadre de brassage avec un jumelage avec deux autres célèbres festivals, celui de Tombouctou et celui de Ségou au Mali, avec lesquels, il entretient une caravane dénommée « Caravane de la Paix » fondée en 2013.

Cheikh Aïdara
M’Hamid Ghizlane
(pour le journal L’Authentique)