Tensions à la Cour suprême : le procès de l’ex-président Aziz vire à la contestation
procès de l’ex-président Aziz
- Publié par Aidara cheikh --
- Tuesday, 21 Oct, 2025

Ce mardi, la Cour suprême de Mauritanie a tenu une audience cruciale consacrée au dossier de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais la séance a été marquée par un incident notable : le retrait collectif de la défense, protestant contre la présence du président de la Cour, Cheikh Ahmed Ould Sidi Ahmed, à la tête de l’audience.
La chambre criminelle examinait les recours introduits contre la décision de la cour d’appel, dans le cadre du procès visant l’ancien chef d’État, poursuivi notamment pour corruption et enrichissement illicite.
L’équipe de défense, dirigée par Me Mohameden Ould Ichidou, a quitté la salle dès l’ouverture, dénonçant une procédure entachée de partialité.
« Nous avons répondu à l’appel de la Cour suprême pour plaider dans une affaire où notre client est injustement accusé. Après avoir franchi toutes les étapes d’une procédure politisée et téléguidée, nous espérions trouver une juridiction de droit. Mais lorsque nous avons vu entrer le président de la Cour suprême, nous avons choisi de nous retirer pour préserver les droits de notre client, l’intégrité de la justice, et refuser toute instrumentalisation politique », a déclaré Me Ould Ichidou à la presse.
Selon lui, cette décision vise à affirmer l’exigence d’une justice indépendante, libérée des influences du pouvoir exécutif et du parti au pouvoir.
Par ailleurs, la chambre criminelle a rejeté lundi une demande présentée par la défense de Mohamed Ould Abdel Aziz, visant à permettre à l’ancien président d’assister à l’audience en personne. Elle a justifié sa décision en estimant que la requête n’était pas suffisamment fondée sur le plan juridique.
COMMUNQUE DU COLLECTIF DE DEFENSE DE MOHAMED ABDEL AZIZ
Dès l’annonce de la tenue d’une audience de la Chambre criminelle de la Cour suprême, consacrée à l’examen du dossier d’accusation injustement intenté contre l’ancien président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, "Halima a repris ses vieilles habitudes"... L’atmosphère de la Cour suprême a changé, elle s’est couverte de noir. Toutes les rues menant à la Cour suprême ont été bouclées par la police, dont les véhicules et les hommes armés ont envahi les lieux, écartant le public et procédant à la fouille des avocats, allant jusqu’à confisquer leurs téléphones ! Dans cette ambiance tendue et étouffante, nous nous sommes dirigés vers la salle d’audience, dans l’attente de la formation de la chambre, connue et désignée à l’avance. Des sources internes nous avaient confirmé que cette formation serait bien celle appelée à siéger pour examiner le dossier, les mesures prises hier et aujourd’hui ayant d’ailleurs été faites au nom de son président, le juge Ahmed Ould Baba. Mais à notre grande surprise, le président de la Cour suprême lui-même est entré dans la salle et a pris la direction de la séance à la place du président de la chambre. En signe de protestation contre cet acte étrange et regrettable, nous avons quitté la salle.
Nous attirons l’attention de l’opinion publique sur les points suivants :
1. La composition de la Chambre criminelle de la Cour suprême est fixée à l’avance par une décision du Conseil supérieur de la magistrature. Ses membres sont les juges naturels de cette chambre. Certes, la loi autorise le président de la Cour suprême à présider une chambre, mais uniquement en cas de nécessité, conformément à l’article 16 de l’organisation judiciaire, la « nécessité » étant limitée à des cas comme l’absence ou l’empêchement réel ou légal du président de la chambre.
2. Le président de la Cour suprême est récemment apparu dans une réunion politique partisane, largement relayée par les médias. Ce fait soulève un doute légitime sur son impartialité, surtout que le dossier de notre client est éminemment politique, relevant d’un règlement de comptes dirigé contre lui, ce qui a été manifeste tout au long des étapes précédentes du dossier.
3. Nous refusons catégoriquement et par dignité professionnelle, de légitimer par notre présence une nouvelle mascarade politique, alors que nous espérions enfin une cour de droit, compétente, impartiale, défendant la loi et la justice, loin de toute manipulation ou calcul politique.
Collectif de défense de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz
Nouakchott, le 21 octobre 2025