Une marche de plus de 60 kilomètres à pied, Birame Dah Abeid proteste contre les violences policières

Birame Dah Abeid proteste contre les violences policières

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Arrivé ce jour, lundi 15 septembre 2025 à l’aéroport Oumtounsy de Nouakchott, aux environs de 14 heures par la compagnie Air France, après un long séjour avec sa famille en Europe, le député, président du mouvement antiesclavagiste IRA et Prix des Nations Unies 2013 pour les droits de l’Homme, Birame Dah Abeid, a reçu l’accueil habituel. Les autorités mauritaniennes ont lâché toutes leurs forces de répressions pour empêcher à ses partisans de l’accueillir.

Les alentours du super marché Big Market, là où Birame Dah Abeid de retour de France, devait rencontrer ses militants et prononcer un discours, ont été quadrillés depuis les premières lueurs du jour, alors que le rendez-vous était fixé à 15 heures.

La répression policière

A bord de dizaines de véhicules de la police, lourdement harnachés et armés de matraques, les forces de maintien de l’ordre mobilisées pour la circonstance, n’ont pas fait dans la dentelle. Elles ont nettoyé la place devant des militants venus accueillir leur leader et qui n’ont opposé aucune résistance, se laissant déguerpir à des centaines de mètres du lieu prévu pour le rassemblement.

Plus haut, sur la route de l’aéroport, la même horde de policiers harnachés. Les militants venus accueillir leur président ont été persécutés et repoussés, les journalistes bloqués. Tous les véhicules des nombreuses personnes venues pour des raisons diverses accompagner Birame, ont été stationnées de force, leurs clés confisqués.

Plusieurs militants du mouvement IRA et du parti encore bloqué RAG, ont été arrêtés et conduits dans divers commissariats de Nouakchott.

Du coup, Birame a décidé de marcher de l’aéroport jusqu’à son domicile sis au PK 9, accompagné de son épouse, Leïla Ahmed, de leurs deux enfants et de quelques militants et journalistes. Plus de 50 kilomètres de marche sous le soleil torride de cet hivernage 2025. Birame comptait exprimer ainsi sa colère et sa révolte contre une répression que rien ne justifiait à ses yeux.

Le discours de Bruxelles

Il faut rappeler que le discours prononcé par Birame Dah Abeid début septembre 2025 devant le Parlement européen, pourtant maints fois répété dans toutes ses sorties et à l’intérieur de l’hémicycle, avait créé un tsunami, souvent amplifié par ses détracteurs, jusqu’au plus haut sommet.

Ce discours a ravivé la fracture sociale qui sévit en Mauritanie, certains y ayant perçu un danger pour l’unité nationale, d’autres la considérant comme la voix de la vérité. Deux concepts ont surtout irrité une partit de la communauté maure qui se confond souvent avec l’Etat quand il est interpellé. Le premier est relatif à l’accusation lancée par Birame selon laquelle la Mauritanie est devenue un parti Apartheid avec l’exclusion des noirs, négro-mauritaniens et harratines. Le second quand il a évoqué les meurtres commis par des agents de l’Etat et visant la communauté noire.

Dans les réseaux sociaux, cela a donné lieu à de véritables passes d’armes entre les partisans de Birame Dah Abeid et ses détracteurs. Ces derniers l’ont accusé d’être un traitre à la Nation, lui reprochant un discours haineux contre la Mauritanie à l’étranger, un raciste anti-maure. Ces voix discordantes lui avaient déjà dressé un échafaud, prêts à ce qu’il soit crucifié dès son retour.

Un habitué de la confrontation

Mais fidèle à sa ligne radicale face à un régime qu’il accuse de mener une politique raciste et discriminatoire, Birame s’attendait à un tel accueil. Sa popularité grandissante et son image de seul opposant crédible face à un pouvoir militaro-tribal et affairiste, corrompu et injuste, selon ses partisans, lui vaut aujourd’hui, cette haine viscérale du régime de Ould Ghazouani. 

Combattant infatigable, tel que le décrit ses partisans, Birame Dah Abeid est rompu depuis des décennies selon eux, à la confrontation face aux régimes autoritaires, sous Ould Abdel Aziz tout comme sous Ould Ghazouani.

Beaucoup de militants, masses éparses autour de l’axe menant de la Capitale aux PK, ont décidé de rester et attendre l’arrivée de leur idole, même s’ils vont passer la nuit dans les ruelles. En face, plusieurs dizaines de Toyota de la Police stationnées au bord du goudron. Quelques agents fatigués de toutes ces courses-poursuites, sont allongés à côté de leur véhicule, en attendant l’arrivée de Birame.

Cheikh Aïdara