Au Sénégal, l’opposition rejette le dialogue de Macky Sall

Maky Sall appelle au dialogue et l'opposition sénégalaise refuse

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Le Front des candidats à la présidentielle rejette tout dialogue. Il demande à Macky Sall d’organiser l’élection avant le 2 avril, date de la fin de son mandat.
Au Sénégal, l’opposition rejette le dialogue de Macky Sall
Le Front des candidats à l’élection présidentielle au Sénégal n’a pas perdu de temps et il a refusé la proposition, faite par le président Macky Sall, de dialogue politique national, les 26 et 27 février.

Anta Babacar Ngom, membre du Front et candidate à l’élection estime que "ce soi-disant dialogue est une atteinte à notre intelligence, à l’intelligence du peuple sénégalais et une tentative désespérée de maintenir le statu quo en dépit des aspirations légitimes du peuple pour un véritable changement".

"Nous refusons de participer à une mascarade qui ne vise qu’à légitimer un pouvoir défaillant et à perpétuer les injustices’, dit encore la candidate."

Un contre-dialogue en vue

Tour à tour, les candidats et leurs représentants ont relevé ce qu’ils considèrent comme les incohérences du discours de Macky Sall. Ils ont décidé d’organiser leur propre dialogue, dimanche (25.02.2024), date initialement prévue pour la tenue de la présidentielle.

Pour le candidat Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur de Macky Sall, il n’est pourtant pas trop tard pour organiser le scrutin présidentiel dans les délais.

"Nous rappelons au président Macky Sall qu’il est la seule autorité compétente pour fixer la date de l’élection. Nous rappelons au président Macky Sall qu’il ne peut pas mettre ensemble les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel, quelles que soient leurs positions dans le pays, pour discuter d’une date d’élection", insiste Aly Ngouille Ndiaye.

"Le Conseil constitutionnel a déjà arrêté la liste. Il doit, conformément à son serment du 2 avril 2019, respecter cette décision. Je confirme, en ma qualité d’ancien ministre de l’Intérieur, organisateur de l’élection présidentielle de 2019, qu’une date peut bel et bien être retenue dans le courant de mars 2024."

Le Front des candidats à l’élection présidentielle appelle les Sénégalais à observer un deuil national symbolique de la démocratie, ce dimanche 25 février.

Robert Adé / Deutsche Welle

Présidentielle au Sénégal : Macky Sall va mener des consultations lundi et mardi pour décider de la nouvelle date du scrutin

Face aux tensions actuelles, il a suspendu la décision sur la date du scrutin à un dialogue qu'il entend mener avec les candidats et d'autres acteurs politiques et sociaux.
Présidentielle au Sénégal : Macky Sall va mener des consultations lundi et mardi pour décider de la nouvelle date du scrutin
"Pour ce qui est de la date, on verra ce que le dialogue proposera." Pressé de donner la date de l'élection présidentielle, dont il avait décrété le report, le président sénégalais Macky Sall s'est exprimé jeudi 22 février, devant des médias du pays. Il a dissipé les incertitudes sur son départ à l'échéance de son mandat, le 2 avril, mais a laissé en suspens la date du scrutin.

Au pouvoir depuis 2012, le président sortant a provoqué l'une des plus graves crises politiques traversées par son pays depuis des décennies en décidant début février de reporter la présidentielle, initialement prévue le 25 février.

Le Conseil constitutionnel a finalement opposé son veto à cet ajournement et au maintien du président à son poste jusqu'à l'installation de son successeur, demandant aux autorités d'organiser le vote "dans les meilleurs délais". Macky Sall avait alors promis de mener "sans tarder les consultations nécessaires" à l'organisation du scrutin, sans jamais donner de nouvelles dates.

Face aux tensions dans le pays et sous la pression des candidats, le président sortant a déclaré suspendre la décision sur la date du scrutin à des discussions qui se tiendront à partir de lundi avec les candidats et les autres acteurs politiques et sociaux. "Au sortir du dialogue mardi, il faut qu'on ait une date", a-t-il déclaré jeudi.

A la fin de son mandat, "le Conseil constitutionnel prendra le relais"

Interrogé sur l'éventualité que l'élection se tienne d'ici au 2 avril, date de la fin de son mandat, Macky Sall a répondu : "je ne le pense pas". A cette date, "ma mission se termine à la tête du Sénégal", a-t-il confirmé, visiblement piqué au vif par le soupçon qu'il puisse chercher à se maintenir en poste. Si les Sénégalais ne peuvent se rendre aux urnes d'ici au 2 avril, c'est le Conseil constitutionnel qui prendra le relais, a-t-il dit. "Il appartiendra au Conseil constitutionnel de dire ce qui doit être fait", selon le chef de l'Etat.

Dans une volonté d'apaisement, Macky Sall s'est déclaré disposé à la clémence envers ses anciens adversaires, envisageant la possibilité de grâces ou d'une loi d'amnistie. "Oui, je suis prêt à aller aussi loin pour que tous bénéficient de ce pardon et que le Sénégal aille vers ces élections de manière apaisée", a-t-il déclaré au sujet d'une éventuelle libération de l'opposant antisystème Ousmane Sonko.

Concernant un autre opposant, Bassirou Diomaye Faye, le président sortant a évoqué la possibilité de "bénéficier d'une liberté provisoire pour répondre à l'appel du dialogue", a-t-il dit.

Plusieurs centaines de détenus ont été relâchées depuis la semaine dernière, contribuant à une fragile détente.

franceinfo avec AFP

Sénégal : le président Sall réitère son intention de quitter le pouvoir comme prévu le 2 avril

 Le président sénégalais Macky Sall a laissé jeudi en suspens la date de la présidentielle dont il avait décrété le report, tout en assurant que son mandat à la tête du pays se terminerait comme prévu le 2 avril. «Pour ce qui est de la date, on verra ce que le dialogue proposera», a-t-il dit lors d'un entretien avec la presse sénégalaise en évoquant le dialogue politique qu'il entend mener à partir de lundi.
Sénégal : le président Sall réitère son intention de quitter le pouvoir comme prévu le 2 avril
«L'élection peut se tenir avant ou après le 2 avril», a-t-il déclaré. Interrogé sur l'éventualité qu'elle se tienne d'ici au 2 avril, il a répondu «je ne le pense pas», tout en assurant que sa mission se terminait le 2 avril. «Le 2 avril 2024 ma mission se termine à la tête du Sénégal», a-t-il déclaré.

Le Sénégal, volontiers vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques bien qu'ayant connu de graves troubles politiques par le passé, est plongé dans l'inconnu depuis la décision début février du président Sall et de l'Assemblée nationale de reporter au 15 décembre la présidentielle prévue le 25 février.

Ce report, dénoncé comme un «coup d'Etat constitutionnel» par l'opposition, a provoqué une commotion dans l'opinion et des manifestations qui ont fait quatre morts. Le Conseil constitutionnel a opposé la semaine dernière son veto à cet ajournement et au maintien du président Sall à son poste jusqu'à l'installation de son successeur. Le Conseil a constaté l'impossibilité de maintenir la présidentielle le 25 février et demandé aux autorités de l'organiser «dans les meilleurs délais».

Malgré les spéculations sur la tentation d'un passage en force, le président Sall avait dit le lendemain son intention de respecter la décision du Conseil et de mener «sans tarder les consultations nécessaires» à l'organisation du scrutin. Depuis lors, rien n'avait filtré officiellement des discussions qu'il aurait menées, en dépit de déclarations à la presse de personnalités disant avoir joué les bons offices, y compris auprès d'Ousmane Sonko, personnage principal d'un bras de fer avec l'État qui a donné lieu à plusieurs épisodes de contestation meurtrière depuis 2021.

Toujours lors de cet entretien avec la presse sénégalaise, le président sénégalais Macky Sall s'est dit jeudi «prêt» à libérer Ousmane Sonko pour aller vers des élections «apaisées», dans un entretien télévisé avec la presse sénégalaise. M. Sonko est emprisonné depuis juillet 2023 et a été disqualifié de la présidentielle. Mais la candidature de son second, Bassirou Diomaye Faye, détenu lui aussi, a été validée par le Conseil constitutionnel.

Des appels à la mobilisation

Le président Sall a demandé mercredi en Conseil des ministres que «toutes les dispositions» soient prises «pour une bonne organisation de l'élection présidentielle à une date qui sera fixée très prochainement, après les consultations avec les acteurs politiques, les responsables de la société civile et les représentants des forces vives».

Il a demandé au ministère de la Justice de finaliser des textes «pour matérialiser la volonté de réconciliation et de pardon». Une loi d'amnistie des prisonniers avait été évoquée il y a une semaine. Plusieurs centaines de détenus ont été relâchés depuis la semaine dernière, contribuant à une fragile détente.

Mais la société civile, qui a mobilisé plusieurs milliers de personnes le week-end passé, a prévu un nouveau rassemblement samedi à Dakar pour maintenir la pression sur le pouvoir, tout comme le camp présidentiel pour soutenir M. Sall. Le camp de Bassirou Diomaye Faye a accusé mercredi soir le président de traîner les pieds, comme l'a fait la très grande majorité des 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel.

Il n'acceptera de discuter que pour fixer «sans délai» la date de la présidentielle, et celle-ci devra avoir lieu avant le 2 avril et la fin du mandat de M. Sall, a-t-il prévenu dans un communiqué. Le président a justifié le report de l'élection par les vives querelles survenues au cours du processus préélectoral. Il a dit vouloir une élection incontestable, s'inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023.

Après l'intervention du Conseil constitutionnel, une nouvelle controverse est apparue sur la tenue de la présidentielle avant ou après le 2 avril, et sur une reprise à zéro, ou non, du processus d'homologation des candidatures.

L'opposition soupçonne le camp présidentiel de vouloir s'arranger avec le calendrier par crainte de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, désigné par le président Sall pour lui succéder. Elle suspecte une manœuvre pour que M. Sall reste au pouvoir, bien qu'il ait dit ne pas vouloir se représenter pour un 3e mandat.

Le Figaro avec AFP