Birame Dah Abeid, « c’est rendre service au régime que de s’opposer à l’accord sur la migration avec l’Union européenne »

Birame Dah Abeid à contr-courant des opposants à l'accord sur la migration

birame conference

Au cours d’une conférence de presse animée mardi 12 mars 2024 au siège de l’ONG abolitionniste IRA sis à l’Ilot K de Nouakchott, le député et président du mouvement, Birame Dah Abeid, est revenu sur plusieurs points d’actualité, notamment la mort du jeune Mamadou Diop et l’accord sur la migration.

Le point qui continue de faire polémique sur la scène nationale, suite à la conférence de presse qu’il a animée le 12 mars 2024, c’est sans doute la déclaration de Birame Dah Abeid, député et président du mouvement IRA, sur le dossier de la migration.

Brassant à contre-courant par rapport aux forces de l’opposition qui voient dans les derniers accords conclus entre la Mauritanie et l’Union européenne, un acte de haute trahison, Birame Dah Abeid, trouve plutôt que c’est « rendre un bon service au régime actuel que de dénoncer un tel accord ». Cela renforcerait selon lui, l’idée que les tenants du pouvoir sont plus ouverts à l’accueil de migrants ouest-africains, conformément à leurs obligations internationales et à leur devoir vis-à-vis des pays de la sous-région en termes de bons rapports, que ceux qui sont sensés le combattre et qui s’affichent comme des xénophobes qui voient dans cette migration le « péril noir », malgré la connotation raciste d’un tel mouvement.

Il rappelle que le sort des centaines de milliers de ressortissants mauritaniens éparpillés à travers les pays en Afrique de l’Ouest où ils vivent et travaillent est lié à l’attitude que la Mauritanie aura envers les ressortissants de ces pays.

Il déclare cependant ne pas donner un onguent à cet accord (qu’il n’a d’ailleurs pas encore lu), convaincu que le mobile d’un tel empressement à signer le deal n’est nullement lié ni à l’intérêt attaché à ces migrants ni à celui des Mauritaniens. Selon Birame, ce qui importe pour les signataires de l’accord c’est d’empocher le pactole qui va avec, à savoir les 210 millions d’euros du deal.

Sur la mort des « jeunes noirs », harratines et négro-africains tués dans les commissariats de police de Nouakchott et ailleurs, ce phénomène relèverait selon Birame, d’un formatage à base idéologique glissé dans l’attitude des agents des forces de sécurité, pour qui être noir est porteur de présomption de culpabilité. Il a cité les cas les plus récents, Souvi Cheine, Diop Amadou, Mohamed Lemine Samba, et tout récemment celui du jeune Mamadou Diop, tué selon lui par la police, à la fin d’un concert au Stade Olympique de Nouakchott le 3 mars dernier.

Cette attitude des forces de sécurité (police, gendarmerie, garde) vis-à-vis des populations noires est illustrée selon Birame par les rafles systématiques dès 20 heures dans les quartiers où elles sont majoritaires, comme El Mina, Sebkha, alors que les quartiers habités à dominance par les autres communautés, les jeunes peuvent circuler à toute heure de la nuit sans être inquiétés.

Il a enfin évoqué l’idée murie au sein d’une coalition de partis et de mouvements politiques de l’opposition de présenter un candidat unique lors de la présidentielle de juin 2024, soulignant que la plainte déposée contre lui par Mohamed Ould Maouloud sur initiative du trio Ould Houerthi (ministre de l’Intérieur), Ould Boye (ministre de la Justice) et Ould Meguett (Président du Parlement) sera certainement utilisée pour l’empêcher d’être candidat.

Cheikh Aïdara