Le gouvernement renoue le dialogue avec les partis politiques : des sujets fâcheux sur la table

Le gouvernement a décidé de renouer le dialogue avec les partis politiques quelques semaines après l

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L'Eveil Hebdo - Le gouvernement a décidé de renouer le dialogue avec les partis politiques quelques semaines après le triple scrutin électoral. Le climat reste délétère après des consultations électorales qui ont étalé au grand jour de nombreuses irrégularités et des dysfonctionnements remettant en cause la crédibilité du système électoral. 

En dépit des appels du pied des partis surtout d’opposition, le gouvernement et la CENI sont restés de marbre alourdissant ainsi les relations plutôt glaciales.

Pourtant, l’opposition avait appelé à trouver une sortie à ce qu’elle a qualifié « de crise électorale » que vit le pays mettant en garde contre sa transformation en une crise politique. Cette sortie de crise, selon l’opposition, doit être recherchée dans le cadre de la commission de suivi de l’accord politique. 

Les partis d’opposition Tawassoul, le FRUD, Sawab, l’APP, l’UFP, et le RFD avaient exigé la dissolution de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), appelant à reprendre de manière consensuelle et sur des bases acceptées par tous, le processus électoral de A à Z

Vendredi 16 juin, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, M.Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine se réunit avec les chefs de partis politiques. 

AU menu des entretiens, quatre principaux points sont abordés : la concertation ; l’évaluation de l’Accord politique ; l’éventualité de dissolution des partis politiques et le positionnement de certaines formations au lendemain du triple scrutin.

D’emblée, M.Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine a martelé, à l’entame de la séance, que ‘’la concertation est une option de principe pour le pouvoir et une conviction pour le président Mohamed Cheikh Ould Ghazouani’’.Le ministre de l’Intérieur a réitéré le vœu des ‘’autorités de voir poursuivre le dialogue politique entre le pouvoir et les différents partis, y copris ceux de l’opposition’’.

M.Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine a insisté sur la ‘’nécessité d’évalue’’, ce qu’il a qualifié ‘’ d’importantes élections dans le pays’’, l’Accord politique signé entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques. Il a évoqué l’éventualité de l’intégration de certains partis d’opposition au sein de la majorité.

Enfin, Ould Mohamed Lemine a jugé ‘’indispensable d’explorer les voies et moyens à même d’éviter la dissolution des partis politiques n’ayant pu recueillir 1% ,par la force de la loi’’.

N’ayant pas obtenu 1 % du nombre total de voix aux élections municipales de 2023 et 2018, le Parti des Blocs Mauritaniens, le Mouvement des Jeunes pour la Patrie ; le Parti du Ribat national pour les droits et la construction des générations ; le Parti Républicain pour la Démocratie et le Renouveau (ex-PRDS d’Ould Taya) ; et le Parti Construction et Progrès ; sont entrain de vivre leurs derniers moments.

Jugées insuffisamment représentatives, ces formations seront dissoutes« par la force de la loi » et vont ainsi rejoindre, entre autres, le PLEJ, le MPR et l’AFCD. 

Prise en compte de la forte demande

Dans le communiqué de presse qu’elle a publié, au lendemain du triple scrutin, l’opposition avait estimé que la solution doit prendre en compte la demande formulée par la majorité des partis politiques, opposition et majorité. 

Les partis d’opposition(Tawassoul, le FRUD, Sawab, l’APP, l’UFP, et le RFD) avaient appelé également le gouvernement à trouver une issue à la crise électorale, qui peut se transformer en crise politique, dans le cadre du Comité de suivi de l’Accord politique, sous réserve que cette solution tienne compte des revendications de la grande majorité des partis politiques (opposition et majorité).

L’échec du dialogue national inclusif a replongé le pays dans la tension et la méfiance entre les différents protagonistes, ont affirmé les six partis dans un communiqué de presse rendu public le 2 juin dernier.

‘’Les forces nationales, tant au sein de l’opposition que du pouvoir espéraient à travers ledit accord trouver des solutions consensuelles aux nombreux obstacles et aux grands problèmes auxquels le pays est confronté dont principalement le système électoral, les questions en suspens liées à l’unité nationale et à la cohésion sociale, la gouvernance économique…)’’, indique le communiqué précité.

‘’Notre réponse à l’appel du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation traduisait notre attachement à la stabilité du pays et à la concertation afin de surmonter et de résoudre ensemble les obstacles et les problèmes majeurs qui entravent son avancée ainsi que pour discuter de la question de la préparation des élections prévues en 2023’’, ajoute communiqué.

Elle a appelé à la dissolution de la commission électorale nationale indépendante (CENI), une réforme globale du système électorale accepté par tous, appelant par ailleurs à la reprise de toute l’opération électorale de manière consensuelle.

L’opposition (l’UFP, Tewassoul, APP, le Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie et Sawab) réaffirme que ce qui s’est passé lors des élections ne peut en aucun cas réaliser l’objectif visé, c’est-à-dire l’organisation d’un scrutin transparent et honnête accepté de tous ce qui a conduit à une perte énorme et la déception d’un grand espoir au sein de l’opinion publique nationale et qui a plongé le pays dans une nouvelle crise électorale.

Fermeté

Les six partis de l’opposition démocratique affichent toujours la fermeté face au refus du pouvoir.Samedi 17 juin, plusieurs milliers de personnes ont battu le macadam samedi enfin d’après-midi, pour dénoncer « la fraude massive » qui a entaché l’organisation des élections législatives, régionales et municipales du 13 mai 2023, en réponse à un appel du collectif de l’opposition démocratique.

Celui-ci regroupe des partis de l’opposition historique comme le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), l’Union des Forces de Progrès (UFP), l’Union Nationale pour l’Alternance Démocratique (UNAD) et d’autres formations, grandes perdantes à l’issue de ces consultations électorales.

Partis de la place de l’ancien Centre National de Cardiologie, en direction de l’ancien aéroport, les participants à cette procession, ont proclamé leur rejet des résultats des élections générales de mai 2023 pour « fraudes massives » et dénoncé le comportement « scandaleux » de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Ils ont réclamé une reprise des trois scrutins pour préserver la démocratie et la paix.

Après avoir renouvelé son appel à la reprise des élections, le président de l’APP, M.Messaoud Ould Boulkheïr , au nom de ses pairs, a déploré la mauvaise gestion érigée en système avant d’ appeler le Président Ould Ghazouani à assumer correctement ses responsabilités.

L’opposition est "déçue" de la réalité économique du pays et la fréquence des meurtres dans les commissariats de police, a lancé à l’adresse des foules, Ould Boulkheir. 

L’ancien président de l’Assemblée nationale a exprimé également, ‘’ la non satisfaction de l’opposition quant aux résultats de l’autopsie relative au jeune Oumar Diop exigeant une enquête approfondie sur les circonstances du drame’’. L’opposition a exprimé sa désapprobation sur le peu d’intérêt accordé au cas du jeune Mohamed Lemine Ould Samba, tué à balle réelle à Boghé.

Les orateurs qui se sont relayé ont manifesté leur désarroi face à la situation générale dans laquelle se trouve le pays estimant que les citoyens mauritaniens paient la mauvaise gestion du pouvoir avec la flambée des prix, la fraude massive et la déliquescence des services publics. Il a demandé au régime à mieux garantir la sécurité des populations.

Saydou Nourou T.