Niger : une délégation de la Cedeao arrive à Niamey, le bras de fer avec les putschistes continue

la voix dipomatique privilégiée encore par la CEDEAO au Niger

delegation dedeao au niger

Le Monde Afrique - Une délégation ouest-africaine est arrivée samedi 19 août à Niamey pour tenter de trouver une solution diplomatique à la crise au Niger. Cette délégation, qui a atterri à la mi-journée dans la capitale, est conduite par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, selon la cellule communication du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a pris le pouvoir au Niger.

M. Abubakar s’était déjà rendu à Niamey au nom de la Cedeao au début d’août, mais il n’avait rencontré ni le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé. Selon une source proche de la Cedeao, cette délégation souhaite transmettre « un message de fermeté » aux militaires à Niamey et rencontrer le président Mohamed Bazoum, toujours retenu prisonnier.

Vendredi, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’organisation régionale, Abdel-Fatau Musah, avait annoncé que cette mission avait pour objectif de « continuer à suivre la voie pacifique pour rétablir l’ordre constitutionnel ».

La voie diplomatique est donc toujours privilégiée par la Cedeao, qui a toutefois déclaré vendredi soir être prête à utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger.

« Prêts à intervenir » militairement

« Nous sommes prêts à intervenir dès que l’ordre sera donné. Le jour de l’intervention a aussi été fixé », a déclaré vendredi M. Musah à l’issue d’une réunion de deux jours des chefs d’état-major ouest-africains à Accra. Selon lui ont été convenus lors de cette réunion « les objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des Etats membres » pour cette possible intervention.

Cette option militaire est brandie par la Cedeao depuis plusieurs semaines. Le 10 août, les dirigeants ouest-africains avaient ordonné le déploiement d’une « force en attente ». Ni les modalités ni un éventuel calendrier de l’intervention n’ont toutefois été rendus publics. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Niger, le nombre d’attaques djihadistes augmente depuis le coup d’Etat

Une autre initiative diplomatique a eu lieu vendredi : le premier ministre nommé par les militaires nigériens, Ali Mahaman Lamine Zeine, s’est entretenu avec une délégation de l’Organisation des nations unies (ONU) conduite par Leonardo Santos Simão, le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. « Il faut d’abord écouter les autorités, leur point de vue pour étudier ensemble un chemin afin que le pays rentre aussi rapidement que possible dans la normalité et la légalité constitutionnelle. Nous sommes convaincus que c’est toujours possible par le dialogue », a déclaré M. Simão à l’issue de cette rencontre.

Il « n’arrivera rien » à Mohamed Bazoum, selon la junte

A Niamey, le nouveau régime reste pour le moment inflexible et avait affirmé qu’une intervention armée serait une « agression illégale et insensée ». Samedi matin, des milliers de volontaires se sont rassemblés aux abords du stade Général-Seyni-Kountché, dans le centre-ville de la capitale, répondant à un appel de plusieurs organisations pour se faire inscrire sur des listes en tant qu’auxiliaires civils potentiellement mobilisables en soutien des forces armées, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.

Plus de trois semaines après le coup d’Etat, les conditions de détention du président déchu, Mohamed Bazoum, inquiètent la communauté internationale et se « détériorent » selon le président du Nigeria, Bola Tinubu. Dans une interview au New York Times, le nouveau premier ministre nigérien a assuré vendredi soir qu’il « n’arrivera rien » à M. Bazoum.

Dans les heures qui ont suivi le coup d’Etat, la France avait été sollicitée pour apporter son appui à une éventuelle intervention de l’armée nigérienne pour libérer M. Bazoum, selon des informations du Monde. « Mais les loyalistes ont changé de camp et rejoint les putschistes. Les conditions n’étaient donc pas réunies pour satisfaire cette demande d’appui », a précisé cette source, qui n’a pas précisé la nature de l’aide que Paris aurait pu potentiellement apporter.

Environ 1 500 militaires français sont stationnés au Niger, en vertu d’accords de défense entre les deux pays, avant tout pour la lutte contre les djihadistes qui endeuillent régulièrement le pays par leurs attaques sanglantes depuis plusieurs années. Mardi, au moins 17 soldats nigériens ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d’Etat.

Le Monde avec AFP