Mauritanie: 20 ans de prison ferme requis contre l’ex-président Aziz à son procès

le procureur requiert de lourdes peines contre l'ancien président Aziz et ses co-accusés

Aziz

Le procureur a requis mardi 20 ans de prison ferme contre l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, jugé depuis janvier 2023 à Nouakchott pour avoir abusé de son pouvoir afin d’amasser une fortune immense.
Mauritanie: 20 ans de prison ferme requis contre l’ex-président Aziz à son procès
"Tous les éléments entre les mains de la justice prouvent la constitution d'un crime", a dit le magistrat Ahmed Ould Moustapha. Il a aussi réclamé la confiscation des biens de celui qui a dirigé de 2008 à 2019 ce pays charnière entre l'Afrique du nord et l'Afrique subsaharienne.


Retour des avocats de la défense et demandes de la partie civile

La poursuite du procès de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz, accusé entre autres d'enrichissement illicite, a été marquée ce lundi par le retour des avocats de la défense. Ces derniers s'étaient retirés il y a deux semaines, suite au refus du tribunal de convoquer de nouveaux témoins et de redonner la parole à leur client.

Face à cette absence, le président du tribunal avait désigné d’office Me Sall et Me Bezeid pour assurer la continuation des procédures.

Interventions marquantes de l'audience :

- Me Ichiddou, prenant la parole, a précisé que le retrait était à la demande de leur client, souhaitant des conditions équitables et parfois la « susceptibilité » du tribunal à leur égard.

- Le Procureur République Ahmed Moustapha a dit qu’il ne voyait aucune objection au retour des avocats de Ould Abdel Aziz toutefois il tenu à nier l’allégation de la défense qui se plaignait de ne pas avoir les conditions pour s’entretenir avec leurs clients à cause des écoutes et des caméras soulignant qu’il n’y a aucun dispositif d’écoute et que les caméras sont sur les voies d’accès et pas dans les chambres.

- Me Mohamed Mahmoud Mohamed Salah a mis en lumière l'incohérence de la défense qui, tout en s'appuyant sur l’article 93 de la Constitution, conteste certaines dispositions de la loi sur la corruption devant le Conseil Constitutionnel. Il a fait état

Concluant les plaidoiries de la partie civile, Me Brahim Ebetty après être revenu longuement sur les affaires évoquées lors des phases précédentes du procès il a au nom du collectif présenté les demandes de la partie civile qui sont :

1. Le rejet de toutes les requêtes remettant en question la compétence du tribunal.

2. la saisie de tous les biens de l’accusé principal, biens qui ne figuraient pas sur la déclaration de biens qu’il a faite devant la commission de la transparence de la vie économique le 7 Octobre 2010 et la saisie des biens gelés des autres accusés.

3. La condamnation de l’accusé principal solidairement avec les autres accusés chacun en ce qui le concerne à payer la somme de 30 milliards de MRU au profit du Trésor public mauritanien.

4. la condamnation de l’accusé principal et de ses coaccusés chacun en ce qui le concerne à payer la somme de 247114035 MRU au profit de la SOMELEC représentant les paiements indus effectués au profit de la société chinoise Joysolar et la réfection du réseau d’éclairage public. Et de payer la somme de 43500000 USD représentant le différentiel de l’application du taux d’intérêt appliqué par Exhimbank India et le taux d’intérêt que devait pratiquer le fonds Saoudien de développement pour compenser les dommages directs.

En plus de 145 millions de USD de compensation pour l’occasion ratée d’obtenir un prêt concessionnel qui aurait été effacé par les saoudiens ainsi que la somme de 600 millions de MRU pour les autres dommages moraux.

4. Une amende de 2049000000 MRU en faveur de la SNIM pour les dommages spécifiés.

5. Une compensation de 179790690 MRU pour la Zone Franche de Nouadhibou pour des dommages directs et 100 millions de MRU pour dommages moraux.

6. Enfin, l'annulation des transactions foncières à Nouakchott et Nouadhibou, ainsi que le maintien du gel de certains biens.

Ce procès, aux multiples rebondissements, continue de capter l'attention nationale et promet d'autres développements dans les jours à venir.
 

10 ans de prison ferme contre les deux anciens Premiers ministres Ould Hademine et Ould El Bechir

 Le 24 octobre, le procureur a requis 10 ans de prison ferme contre Yahya Ould Hademine et Mohamed Salem Ould El Bechir, deux anciens Premiers ministres, sous le président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Il a requis également une amende de 10 millions ouguiyas nouvelles (100 millions MRO) et la confiscation des biens issus des produits du crime. Mohamed Abdellahi Ould Oudaa, ancien ministre et ancien ADG de la SNIM, a écopé les mêmes peines de prison et d’amende.

Mohamed Salem Ould Brahim Vall, dit El Merkhi, ancien DG de la Somelec, prend 10 ans de prison avec une amende de 5 millions ouguiyas nouvelles et la confiscation des biens issus des produits du crime.

Lors de son réquisitoire d’environ trois heures, le procureur a demandé des peines de 10 ans ferme contre Mohamed Ould Daf et Mohamed Lemine Eloukaye, en plus d’une amende de 10 millions ouguiyas nouvelles et la confiscation des biens issus des produits du crime.

Pour la fondation Errahmaa, il a demandé la dissolution et la confiscation des biens.

Pour Mohamed Ould Msamboue, Mohamed Lemine Ould Bowbatt et Yacoub Ould El Atigh, le procureur a requis 5 ans de prison, une amende de 1 million d’ouguiyas nouvelles et la confiscation des biens issus des produits du crime.

« Tous les éléments entre les mains de la justice prouvent la constitution d’un crime », a dit le procureur Ahmed Ould Moustapha.